Devant la crèche encore... (2004)

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"Livre des origines de Jésus le Messie,
fils de David, fils d'Abraham.
Abraham engendra Isaac,
Isaac engendra Jacob,
Jacob engendra Juda et ses frères...
etc. etc. etc...  Jusque :
Jacob (un autre) engendra Joseph,
l'époux de Marie, de laquelle est né
Jésus appelé Messie."
Ce passage de Matthieu est lu à la messe
de la veille de Noël.
J'ai pensé prolonger ce passage
et cela a donné ceci :

Anne et Léon, ma mère et mon père me conduisirent un jour
au baptême (cela fait longtemps...), eux-mêmes conduits à ce baptême
par mes grands parents, eux-mêmes par leurs parents ou d'autres,
environ 70 fois de suite, 70 générations sans interruption,
jusqu'à une femme ou un homme, baptisé par Philippe ou Jacques
ou Pierre ou André ou Lévi... ou un autre disciple de Jésus,
ce Jésus né en catastrophe  trente ans plus tôt et que les chrétiens
appellent selon leur foi : Messie, Fils de Dieu, Seigneur.

Je dis merci à ces femmes et à ces hommes
parce que, grâce à elles, à eux, j'ai pu rencontrer ce Jésus,
charpentier, fils de charpentier, grand marcheur, prêcheur,
guérisseur, assassiné comme un malpropre
un certain vendredi noir.
Et je les crois quand ils me disent que ce Jésus n'était pas que
charpentier, grand marcheur, prêcheur, guérisseur,
et que, même assassiné comme un malpropre,
il a quelque chose d'unique à voir avec Dieu, son Père,
qui d'ailleurs l'a ressuscité, selon cette foi reçue.

Oui, je leur dis merci car ils m'ont appris à croire ce Jésus
lorsqu'il dit que son Père est aussi notre Père,
un Père qui a un cœur qui bat pour chacune et chacun,
des entrailles qui se retournent dès qu'un seul de ses enfants souffrent,
qui a des ,lèvres et des yeux pour nous sourire,
des bras pour nous embrasser, une force pour nous aimer.
Oui, je le crois car il m'en donne le goût, parce cela me fait du bien,
et peut-être parce que cela m'arrange...
Et j'ai donc bien raison de dire merci à mes ancêtres.

Ces ancêtres que j'ai eu la chance d'avoir, parmi lesquels il y eut,
comme pour chacun, braves gens, escrocs, trafiquants, héros,
prostituées, fidèles, lâches, profiteurs, bref des saintes et des saints,
ancêtres "mélangés" mais pardonnés, comme ceux de Jésus.
J'ai eu la chance d'être de cette famille-là (de cette Église-là),
parce qu'elle a continué à donner sa confiance à Jésus,
à travers joies et douleurs, faiblesses et ténacités,
grandeurs et petits calculs, jusqu'aujourd'hui.

Oui merci à cette famille qui, un jour, m'a invité à m'agenouiller
devant une mangeoire et à entrer dans la danse.
Dans cette danse folle d'un homme qui délie, libère, réveille,
bouscule, parle vrai, se fait serviteur, chante la vie,
qui est la chance du pauvre, qui est ma chance, qui est notre chance
à toutes et à tous.  Surtout il nous invite à être fous avec lui,
pour délier, libérer, bousculer, réveiller,servir, parler vrai,
chanter, être chance pour les autres, vivre et faire vivre,
au nom de son Père, notre Père.

Ce soir, devant l'humble mangeoire où le bébé a été déposé
par sa mère et son père tendrement penchés vers lui, je murmure
merci à ce petit, merci à mes ancêtres par le sang et par la foi,
et merci à celui qui leur a soufflé tout cela, l'Esprit.