4éme dimanche de Pâques

4e dimanche de Pâques.  Jean 10, 1-10.

Le   texte.

(Les mots en italique sont plus proches de l’original que ceux du missel)   

Jésus parlait ainsi aux pharisiens : « Amen, amen, je vous le dis, celui qui entre dans la bergerie sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit. Celui qui, par contre, entre par la porte, c’est lui  le berger des brebis (1). Le portier (2) lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir. Quand il a conduit dehors toutes ses brebis, il marche à leur tête, et elles l’accompagnent, car elles connaissent sa voix. Jamais elles n’accompagneront un inconnu, elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des inconnus.

Jésus employa cette parabole en s’adressant aux pharisiens, mais ils ne comprirent pas qu’il parlait à eux. C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : JE SUIS (3) la porte des brebis. Ceux qui sont venus avant moi sont tous des voleurs et des brigands (4). Mais les brebis ne les ont pas écoutés. Moi, JE SUIS la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé. Il pourra aller et venir, et il trouvera un pâturage. Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire. Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance. »

(1) Le mot grec est  « mouton ». Mais depuis les « moutons de Panurge », ce mot sonne mal en français...

(2) Dans cette parabole, Jésus n’est ni le berger, ni le portier, il est la « porte ». Dieu serait le portier...

(3) Une fois de plus, Jésus prend sur lui le nom qu’en Exode 3, 11 Yahweh s’attribuait : « JE SUIS qui je serai »...

(4) Parole qui désigne normalement les responsables récents du peuple car les responsables du passé étaient remarquables, comme les grands prophètes d’Israël... Autre remarque : passer « par » Jésus ne signifie pas nécessairement passer par la religion catholique...Je suis ainsi convaincu que l’on passe par lui en suivant sa conscience !

L’homélie.

Jésus s’adresse à des pharisiens. Non seulement à ceux qu’il a devant lui mais aussi, on peut le penser, à ceux qui risquent de l’être un jour. Il se compare à un berger et à une porte de bergerie. Pour lui il y a deux sortes de berger : celui qui entre par cette porte et celui qui s’introduit frauduleusement. Pour celui-ci, Jésus n’est pas tendre, c’est un voleur, un bandit. Mais le « bon berger », le berger ou responsable de communauté selon le cœur de Dieu, passe, lui, par la porte qu’est Jésus, c’est-à-dire qu’il s’inspire de son Esprit. Ainsi il évitera de voler, égorger et détruire, conclut Jésus plutôt sèchement.

A plusieurs reprises, on voit Jésus préoccupé par celles et ceux qui portent et porteront une responsabilité dans ses communautés. Il sait combien l’exercice du pouvoir peut faire tourner les têtes ! D’où ce conseil à celles et ceux qui ont ou auront une autorité de rester proches de celles et ceux qui leur seront confiés, de les connaître, d’en être connus, de rester capables de les appeler par leur nom.  Que de chefs, religieux ou non, si bien intentionnés au départ, n’ont-ils pas fini par devenir distants, et… despotes ! Au nom de Dieu !  

D'autant que la vie en société, et l’Eglise est une société, ne peut se passer d’une autorité. D’où cette demande répétée de Jésus à celles et ceux qui l’exercent de se modeler sur lui qui l’a vécue comme un service. « Je suis venu non pour être servi mais pour servir... » dit-il un jour à ses apôtres, que le pouvoir tentait vraiment (Mc 10, 35 – 45).

Jésus se fait sévère pour le passé récent : " Ceux qui sont intervenus avant moi sont tous des voleurs, des bandits... " Avant lui, c’étaient les chefs religieux d'Israël. Et ce n'est pas le seul endroit où Jésus se fait aussi agressif. Ainsi, dans l’évangile de Matthieu, il n’hésite pas à comparer scribes et pharisiens à des sépulcres blanchis, si beaux au-dehors mais pourris au dedans (Mt 23, 27) ! Ou encore cette critique publique des scribes qui "se pavanent, dit-il, en grandes robes, s'emparent des premières places, prient pour se faire admirer », etc. En fait, c’est pour dévorer le bien des veuves, dit-il (Mc 12, 38 – 40).   

Malheureusement, le 4e évangéliste, qui écrit vers la fin du premier siècle, devait très probablement avoir sous les yeux des responsables de communautés chrétiennes qui en étaient venus, eux aussi, à virer au pharisaïsme.   Il s’est souvenu des paroles de Jésus.

Mais est-ce possible un Jésus si sévère, si menaçant ?  N’était-il pas doux et humble de cœur ? Oui bien sûr, mais chacun sait qu’il est impossible d’être bienveillant avec tout le monde. La priorité de Jésus fut d’annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, si méprisés par les chefs religieux. Cela voulait dire les défendre. Et donc s’opposer, durement s’il le fallait, à leurs oppresseurs, durement mais sans violence physique. Sans  oublier la triste image de Dieu que donne un tel responsable religieux !  

Dernière réflexion. Ne disons pas trop vite : le pape et les évêques n’ont qu’à bien se tenir ! Que chacun s’interroge plutôt sur lui-même, sur elle-même. Ne portons-nous pas toutes et tous des parts de responsabilité dans la société, dans notre Eglise ? Déjà par le simple fait que, toutes et tous, par notre manière d'être chrétiens, nous donnons, ou non, le goût du Royaume. D’où cette invitation pressante de Jésus de passer par lui, la Porte, de revêtir son Esprit et de, à notre tour, au moins essayer de donner la première place aux derniers. Et ainsi de participer, modestement, à la Bonne Nouvelle que Jésus leur apporte.

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