Fête de l’Ascension

Fête de l’Ascension. Matthieu 28, 16 – 20.

 

Le texte.        

(Les mots en italique sont plus près de l’original que ceux du missel !)

Les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes. Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Toute autorité m’a été donnée au ciel et sur la terre. Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les vers le nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. Apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

 

L’homélie.

Commençons par quelques bizarreries et questions de ce texte.

1/ L’évangile que, cette année, l’Eglise a choisi pour le fête de l’Ascension ne parle ni de l’Ascension, ni des « quarante jours » écoulés depuis Pâques ! Il fait uniquement mention des dernières paroles de Jésus aux disciples (1).

2/ Mais qui sont ces disciples ?  Selon Marc (2), parmi ses disciples, Jésus en avait choisi douze, à qui il confia deux missions : premièrement être avec lui et deuxièmement les envoyer prêcher. Mais, les évangiles confondent souvent l’ensemble des disciples (3) et les douze choisis par Jésus (4). De plus, il y a encore les ‘apôtres’. Il a fallu du temps aux chrétiens pour y voir clair...    

3/ Après sa résurrection, Jésus invite ces onze à se rendre en Galilée, sur une montagne. Laquelle ? Ce n’est pas dit. Pour les Juifs, la Galilée était l’antichambre du monde païen.

4/ Luc la situe l’Ascension à Béthanie (5), à côté de Jérusalem, et donc pas en Galilée...

Les incohérences peuvent conduire à deux conclusions opposées, aussi sérieuses l’une que l’autre : soit que tout ça ne tient pas debout ! Soit que tout cela est logique, puisque le Ressuscité, par définition, n’est plus localisable. Il n’apparaîtra que là où des disciples sont réunis. L’essentiel d’ailleurs est la rencontre, pas le lieu. En tout cas, on ne pourra pas soupçonner les évangélistes de s’être concertés pour nous présenter un scénario bien ficelé...

Si en « voyant » le Ressuscité, les Onze se prosternent, ce qui est un signe de foi, certains, dit le texte, ont des doutes. Signe qu’il s’agit non d’une vue évidente mais d’une vue dans la foi. D’ailleurs ces doutes reviennent dans la plupart des récits d’apparitions. Ne l’oublions pas, le doute est inhérent à la foi. Mais, j’en ai déjà parlé, nous confondons souvent ‘savoir’ et ‘croire’. Qui sont deux attitudes différentes.  Que l’hostie soit du pain, c’est évident, tout le monde le ‘sait’. Mais qu’elle soit  Corps du Christ, seuls, certains le ‘croient’ !

Jésus donne aux disciples le motif de sa venue : leur transmettre son « autorité » en paroles (6) et en actes (7), et les inviter à prolonger son action parmi toutes les nations. Avoir donc une attitude missionnaire. Il est bien question dans ses paroles de « toutes » les nations. Aucune exclusive donc, et surtout aucun antisémitisme, comme l’Eglise l’a trop souvent enseigné ! Pensons ainsi à l’Office du Vendredi-saint d’avant le Concile  où l’on priait pour les Juifs « perfides » (sic) ! L’attitude missionnaire consistera à, par le baptême, faire des disciples de toutes les nations. Ce qui ne veut évidemment pas dire que l’idéal proposé par Jésus est d’arriver à ce que tous les êtres humains soient un jour baptisés !

L’enseignement joue un rôle prépondérant dans l’évangile de Matthieu : enseignement sur Jésus, l’homme qui a vécu en Palestine, dont nous sommes invités à croire qu’il est Christ, Fils de Dieu. Enseignement aussi sur comment le suivre. Mais, question : faut-il voir ces Onze comme la future hiérarchie de l’Eglise qui aurait ainsi pour toujours la garantie de l’assistance du Ressuscité ? La tradition catholique l’a souvent enseigné. Mais on peut tout aussi bien penser que c’est à l’ensemble des chrétiens que le Christ confie mission et assistance.

Enfin, relevons la formule trinitaire : baptiser ‘vers le nom’ c’est-à-dire pour entrer dans la communion du Père, du Fils et du Saint Esprit ». Notons que dès avant les années 60, chez Paul (8), on trouve déjà une formule trinitaire : « La grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint Esprit soient toujours avec vous » ! Ce souhait est d’ailleurs repris dans la messe.

(1) Seul, l’évangile de Luc, en 24, 51 et les Actes 1, 9 ajoutent l’Ascension aux dernières paroles de Jésus ;

(2) Marc 3, 14 ;

(3) ainsi Luc 10, 1 où il est question de 72 ‘autres’ disciples ;

(4) où sont présents les « onze », puisque Judas est mort. Mais ici encore, les textes sont confus. Car si Matthieu 27, 5 raconte que Judas  s’est pendu, Actes 1, 18 dit qu’il est mort en tombant et que ses entrailles se sont répandues...  

(5) Luc 24, 50 – 51 ;

(6) Marc 1, 22 et beaucoup d’autres ;

(7) Matthieu 9, 6 ;

(8)  2 Cor 13, 13.

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