Fête de la Sainte Trinité

Fête de la Sainte Trinité (Jean 3, 16 – 18)

Le texte.        

(Ce qui est en italique est plus proche de la forme originale que le missel)

« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils l’unique : ainsi tout homme qui lui fait confiance (1) ne périra pas, mais obtiendra la vie éternelle (2). Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger (3) le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui lui fait confiance n’est pas jugé, celui qui ne veut pas lui faire confiance est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu ! »                                                                                                                                                            

(1) Loin de l’obligation de « faire » de bonnes œuvres, comme dans le premier Testament, il s’agit pour Jésus d’uniquement lui faire confiance.

(2) C’est-à-dire non pas une vie sans fin mais une vie comblée, pleinement heureuse.

(3) Dans les évangiles et, bien sûr ici, « juger » peu avoir deux sens opposés. Soit juger dans le sens de « condamner », soit dans le sens de « rendre juste » ou justifier, rendre saint.

 

L’homélie.

Une question revient souvent : l’idée de la Trinité, dont il n’est d’ailleurs pas question dans l’évangile de ce jour (!), vient-elle de l’Eglise ou bien de Jésus ? Personnellement, j’opte pour cette deuxième hypothèse. En effet : 1/ Jésus appelle souvent Dieu « mon Père ». Expression qu’il reprend au prophète Osée (1). 2/ En s’adressant à Dieu, il utilise l’appellation familière de « abba » ou  « mon papa (2) ». Dans son dernier entretien en Jean, apparaissent souvent deux personnes : le Père et lui (3). 3/ Il invite les chrétiens à prier : « notre Père (4) ». 4/ Il évoque souvent la personne de l’Esprit (5). 5/ Paul a ainsi écrit : « La grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu, et la communion du Saint Esprit soient avec vous (6) ».

Mais prenons notre texte. Il est très court et je pense utile de présenter le récit qui l’introduit. En voici le résumé : une nuit, on ne sait où, Jésus reçoit la visite d’un pharisien, un notable Juif, appelé Nicodème (7). Il voulait l’interroger. Jésus le reçoit et dans l’entretien, il dit les paroles ci-dessus mais le missel, étrangement, ne met pas de guillemets !

Nicodème est donc un pharisien. Mais qu’étaient les pharisiens ? Des Juifs particulièrement pieux qui, pour sauvegarder la pureté de leur foi et mieux observer la loi, vivaient ‘séparés’ des autres juifs, le « peuple » (8). Ce n’est évidemment pas ce désir d’être fidèles à la loi que Jésus condamne chez eux mais leur acharnement à observer les préceptes ‘cultuels’, les « rites » jusque dans leurs moindres détails. Ce qui avait comme grave inconvénient qu’ils en venaient à oublier l’amour du prochain et même à mépriser le prochain (9). Bien sûr, il y avait parmi eux des gens respectables. De plus, il semble que la triste réputation que les évangélistes leur ont faite vient surtout de ce qui s’est passé bien après Jésus, vers la fin du premier siècle, après les destructions du temple et de la ville de Jérusalem.

Voici les faits. Comme il n’y avait plus de Temple, ceux qui en étaient responsables et qui de plus dirigeaient le peuple disparurent. Les pharisiens les remplacèrent. Il se fit aussi que, chassés de Jérusalem, de nombreux Juifs s’étaient réfugiés dans le nord, c’est-à-dire en Galilée et au sud Liban. S’y trouvaient aussi des Juifs devenus chrétiens ! Et c’est là qu’eurent lieu des débats acharnés entre les Juifs restés juifs et les Juifs convertis au christianisme... La plupart des débats si durs de Jésus avec les pharisiens, tels que nous les lisons dans les évangiles, sont souvent le reflet des débats entre ces communautés de ‘frères ennemis’. Ce qui est dommage c’est que cela ait nui à la réputation des pharisiens.

Revenons à Nicodème. Ce qu’il recherche surtout ce n’est en rien l’observance minutieuse des rites mais que sa vie soit conforme à la volonté de Dieu. C’est si important pour lui qu’il est même prêt à venir consulter Jésus, qui n’est pas légiste et est honni par les autorités ! Ce n’est pas pour rien qu’il vient de nuit. Et Jésus voit immédiatement que cet homme recherche un changement radical de vie. D’où sa proposition, que Nicodème ne comprend pas : « naître à nouveau » ! Mais précisément, changer radicalement sa vie n’est-ce ce pas naître à nouveau ? On comprend toutefois la perplexité de Nicodème. Remarquons que la formule utilisée par Jésus « naître à nouveau » peut tout aussi bien se traduire « naître d’en-haut » !

Mais la plus grande difficulté pour le pharisien Nicodème c’est que cette nouvelle naissance, il doit non la mériter mais la recevoir. Impensable pour un pharisien pour qui le salut cela se mérite ! Tout au contraire, selon Jésus, devenir saint ne demande aucun acte méritoire ! Pour être saint, l’être humain n’a qu’à accueillir l’Esprit Saint. Puisque Dieu seul est auteur du salut ! L’être humain n’y est pour rien ! Ce qu’aujourd’hui encore, bien des chrétiens ont du mal à accepter. Car ils se méfient de ce qui est gratuit, de la  « grâce ». Il faut « mériter » son salut, convaincus qu’avec Dieu, comme avec les hommes, « on n’a rien pour rien » (10) !  

(1) Lire le beau passage du prophète Osée : 11, 1 – 4. Notamment : « D’Egypte, j’ai appelé ‘mon fils’... C’est pourtant moi qui ai appris à marcher à Ephraïm (Israël)... Je les menais avec des attaches humaines, avec des liens d’amour... J’étais pour eux comme ceux qui soulèvent un nourrisson contre leur joue... »

(2) Marc 14, 36.

(3) Jean chap 14.

(4) Matthieu 6, 9.

(5) Entre autres Jean 14, 15 – 26.

(6) 2 Corinthiens 13, 13.

(7) Nicodème est un nom grec qui veut dire ‘peuple victorieux’.

(8) En araméen, pharisien veut dire ‘séparé’.

(9) Luc 18, 11 et surtout Jean 7, 49 où des pharisiens traitent le peuple de : ‘racaille de maudits’ !

(10) Malheureusement à chaque « canonisation », l’autorité de l’Eglise, après avoir mené une enquête minutieuse, et coûteuse (!) insiste sur la manière « héroïque » dont le « saint » s’est conduit... De plus, le saint doit être l’auteur d’au moins deux guérisons miraculeuses ! On est loin du don gratuit de la sainteté !

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