Lire le chapitre 18 de Matthieu.
Jésus, nous le savons, ne cesse d’annoncer que Dieu et son Royaume se font proches. Cette venue de Dieu a lieu non seulement chez les chrétiens mais partout dans le monde quelles que soient les convictions. Ce « Royaume de Dieu qui se fait proche » est, je le rappelle, l’image choisie par Jésus pour suggérer l’action si discrète de Dieu qui se propose à chaque conscience. Car Dieu ne s’impose pas, il se propose à quiconque veut bien l'accueillir. Il se propose à notre liberté. Et la meilleure manière de correspondre à cette action de Dieu en ce monde est d’accueillir autrui en vérité.
Cet accueil de l’autre, Jésus va le développer en six attitudes. Les trois premières, c’est à souligner, visent l’accueil des personnes jugées inintéressantes : les pauvres, les ‘petites gens’, les enfants à l’époque, les esclaves, celles et ceux qui sont jugés comme pécheurs et, parmi les chrétiens, celles et ceux dont la foi n'est pas solide. Ainsi la toute première attitude que Jésus propose est nette : dans toute société ou communauté, la première place doit revenir aux « petits ». Chaque « petit », selon Jésus, mérite un respect absolu.
La deuxième attitude proposée concerne les gens influents. Pour ceux-ci en effet, il est vraiment très grave de manquer de respect aux « petits ». Ainsi, il est inadmissible que des responsables chrétiens aient une conduite tellement éloignée de l'évangile que des « petits », c’est-à-dire ceux dont la foi est fragile, en viennent à désespérer de Dieu. Et si l’un des « petits » quitte la communauté, plus que jamais il faut s'en préoccuper. C'est la troisième attitude proposée par le biais de la parabole du berger qui part à la recherche de la brebis égarée. Pour Dieu en effet cette brebis est plus importante que les nonante neuf autres en sécurité. Pour la seule raison qu’elle s'est perdue. Peu importe que ce soit de sa faute ou non !
La quatrième attitude proposée décrit les étapes que chacun devrait mettre en œuvre quand il s’estime agressé. Première étape : aller trouver celui qui est jugé responsable de la faute et lui faire ses reproches, seul à seul. Ce qui exclut, soit dit entre parenthèses, les tristes attitudes que sont la critique dans le dos, le jugement avant d’avoir essayé de comprendre ou au moins d’avoir écouté, ou encore, c’est un sommet dans le genre, le « dénoncer » à son supérieur ! Et s'il n'écoute toujours pas, s'il refuse le dialogue, vient la deuxième étape : se rencontrer à plusieurs. Peut-être qu’à plusieurs, les reproches seront mieux acceptés.
Et si cela ne marche toujours pas ? Troisième étape : y mêler les autorités. Ce qui peut donner une nouvelle chance de se comprendre. Et si l'autre ne veut toujours rien entendre ? Alors, dit Jésus, « qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain ». « Pour toi », c’est-à-dire ne le juge pas comme quelqu’un de mauvais en soi mais comme quelqu’un qui est dans un autre monde que le tien. L’impossibilité de se comprendre peut venir en effet non d’une mauvaise volonté mais de nos limites. Cette formule de Jésus ne condamne d’ailleurs pas l’autre, elle le confie au jugement du Dieu universel, dont justement l’amour est sans limite.
Mais Jésus n'en reste pas là. C'est la cinquième attitude proposée. Si chacun reste bloqué sur ses positions, pourquoi ne pas tenter d'au moins prier ensemble ? Si on y parvient, dit Jésus, c’est le signe que, malgré nos divisions : « Je suis là, au milieu de vous » ! N’est-ce pas l’essentiel ? La sixième attitude enfin porte sur l’urgence du pardon. C’est la parabole du serviteur impitoyable, qui est présentée un autre dimanche. Jésus y invite chacun à pardonner pour la seule et unique raison que, toutes et tous, nous sommes déjà pardonnés par Dieu.