Le texte. (Luc 1, 39 – 45) (Les mots en italique sont plus proches de l’original que ceux du missel)
En ces jours-là, Marie, s’étant levée, se mit en route avec hâte, vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth. Or, il arriva quand Elisabeth entendit la salutation de Marie, que l’enfant bondisse dans son ventre. Alors, Elisabeth fut remplie de l’Esprit Saint, et elle éleva la voix dans un grand cri : « Tu es bénie parmi les femmes, et le fruit de ton ventre est béni. Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, le bébé a bondi d’allégresse dans mon ventre. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
L’homélie.
La fête de Noël qui approche nous conduit à deux premières réflexions : 1/ l’initiative d’envoyer dans notre monde un sauveur, et pas n’importe lequel, est un signe que pour Dieu l’humanité, telle qu’elle est, lui est vraiment précieuse. Et 2/ cette initiative n'a été possible que grâce à la foi et à la disponibilité d'une toute jeune femme, Marie. Marie dont la foi a été soutenue par celle d’une autre femme, Élisabeth. Oui, l’incroyable initiative de Dieu n’a été rendue possible que grâce à ces deux femmes toutes simples.
Un conte hindou raconte qu’un beau jour un sage demande à ses disciples à quel signe on peut voir que la nuit est finie et que le jour est bien là. Il fait vraiment jour, dit l'un, dès qu’on peut distinguer un homme d'une femme. Ce n’est pas ça, dit le sage. Quand on peut distinguer un chien d'un loup. Non, dit encore le sage. Quand on peut distinguer un marron d'une châtaigne. Non, dit toujours le sage, comme aux autres suggestions. Mais alors quand fait-il vraiment jour ? « Il fait vraiment jour, leur dit-il, au moment où, lorsque tu regardes un homme, une femme, tu y vois un frère, une sœur. Oui, à ce moment, il fait vraiment jour dans ton cœur. »
Transposons ce conte avec une question de même type : à quel signe Marie et Élisabeth ont elles pu voir que Jésus était un être unique ? Car il n’avait, évidemment pas, un signe distinctif. Ce ne fut donc que par un regard de foi que Marie et Élisabeth discernèrent que le fils de Marie avait un lien privilégié avec Dieu. Ce fut pareil pour les bergers lors de la nuit de Noël : « Vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ». Sans un minimum de foi, que pouvait bien signifier un bébé ? Car quoi de plus universel qu’un bébé emmailloté, même si une mangeoire est un berceau plutôt rare et qui fait si peu Dieu…
Allons plus loin avec la même question. Quel signe nous indiquerait que tels êtres humains méritent le respect ? Pour beaucoup, un signe assez évident est qu’ils sont de chez nous, qu’ils vivent comme nous. Faut-il vraiment respecter tous les êtres humains, même ceux que l’on ne connaît pas ? Comme on comprend la question du scribe à Jésus : « Mon prochain, c’est qui ? » Quelqu’un de sa famille, de sa religion, de sa race ? Mais un païen ?
Sur cette question des « autres », les grandes civilisations sont partagées. Toutes n’affirment pas qu’un être humain, parce qu’être humain, mérite un respect absolu. Pour nos amis humanistes c’est une évidence. Ce n’était pas le cas pour la « haute » civilisation grecque, qui trouvait normal qu’il y ait des sous-hommes, des esclaves. N’est-ce pas ce que pensent trop de nos compatriotes ? Quant à Jésus, sa réponse fut évidente. On le voit lors de ses rencontres avec des païens et des Samaritains. Pour lui, tout être humain mérite un respect absolu.
Et nous, chrétiens ? Quelles sont nos convictions ? Notre Eglise soutient « Vivre ensemble » et « Entraide et Fraternité » qui mène des actions en faveur des êtres humains les plus défavorisés. Et d’autres actions qui vont dans le même sens. Elle se base sur les convictions de Jésus. Ainsi pour elle, s’il est vrai que la pauvreté nuit à la santé, sa foi en Jésus lui dit qu’il faut la combattre. Par exemple, en encourageant des actions de justice et de partage, comme la Sécurité Sociale.
En Belgique, nous le savons, nous avons construit l’édifice de la Sécurité Sociale qui, par la Loi et donc par le Droit, procure un minimum de vie décente à (presque) tous. Ce dispositif est basé sur la solidarité entre les riches et les pauvres. Car chacun y contribue. Selon ses moyens, les uns plus, les autres moins. Pour le chrétien, la Sécu n’est pas d’abord une question de charité mais une question de foi en Jésus, aussi vrai homme que vrai Dieu.