Le texte. (Luc 2, 16 – 21)
Quand les bergers arrivèrent à Bethléem, ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans une mangeoire. Après l’avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tout le monde s’étonnait de ce que racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Les bergers repartirent. Ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu selon ce qui leur avait été annoncé.
Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’Ange lui avait donné avant sa conception.
L’homélie
Contrairement à ce que l’on pense souvent, la foi en Marie est commune aux anglicans, catholiques, orthodoxes, protestants !
La foi du peuple chrétien en la mère de Jésus s’est développée au cours des siècles. Nous le voyons dès les textes de l’Ecriture. Le texte le plus ancien sur Marie se trouve dans la lettre aux Galates (1), datée des années 54 - 55, c’est-à-dire environ 20 ans après la mort de Jésus. C’est là que l’on peut lire l’unique mention de Marie chez Paul. Il écrit : « Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme. » Il ne donne même pas son nom !
L’évangile selon Marc fut sans doute terminé vers la fin des années 60, c’est-à-dire 15 ans plus tard. Deux passages seulement concernent Marie et encore, indirectement. L’un dit que des gens de la parenté de Jésus veulent l’enfermer car, disent-ils : « il a perdu la tête » (2) !!! Quelques versets plus loin, on apprendra que sa parenté ce sont ses frères et... sa mère ! C’est alors que Jésus déclare que les liens de sang importent peu car, dit-il : « Quiconque fait la volonté de Dieu, voilà mon frère, ma sœur, ma mère (3) ! » Plus loin encore, il y aura une deuxième allusion indirecte à Marie. Des Nazaréens se posent la question de qui est Jésus : « N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie (4) ? » En Marc, rien de plus sur Marie.
Matthieu qui, comme Luc, date des années 80, donnera à Marie une place plus importante, dès la naissance de Jésus. Matthieu écrit en effet que « Joseph est l’époux de Marie de laquelle est né Jésus, que l’on appelle Christ (5) ». Et sous la forme d’un songe (6) que reçoit Joseph, nous apprenons de l’Ange que Marie est, du fait de l’Esprit Saint (7) enceinte d’un fils qui aura comme nom Jésus. Le signe de cet événement : une annonce du prophète Isaïe : « Voici que la vierge concevra et enfantera un fils auquel sera donné le nom d’Emmanuel... (8) »
Quant à Luc, il commence par présenter Marie au cours d’un récit raconté par l’Ange Gabriel (9). Nous y apprenons qu’elle est ‘favorisée de Dieu car elle a trouvé grâce auprès de lui. Aussi mettra-t-elle au monde un fils qui recevra le nom de Jésus. Et puisqu’elle ‘ne connaît point d’homme’, « l’Esprit Saint viendra sur elle et la puissance du Très-Haut ‘la couvrira de son ombre’ (10). Peu après, Marie se rend chez sa parente Elisabeth, à qui l’Ange vient d’annoncer que, malgré sa stérilité, elle en est à son sixième mois de grossesse. C’est chez Elisabeth que Marie chantera l’hymne du Magnificat (11).
Luc lui donne une place de choix à la naissance de Jésus, que, comme Matthieu, il situe à Bethléem. Et c’est à des bergers que l’Ange du Seigneur annonce la Bonne Nouvelle de la naissance d’un Sauveur, le Christ Seigneur (12). Ceux-ci vont alors annoncer à Marie et Joseph ce que l’ange leur a dit. Et, conclut Luc : « Marie retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. (13) » S’en suivirent la circoncision de Jésus et sa présentation au Temple avec la prédiction de Syméon à Marie : « Un glaive te transpercera l’âme (14) ! » Sa première grande souffrance aura lieu quand, à l’âge de 12 ans, Jésus fera une fugue au Temple (15) ! Et, sans grand ménagement, elle apprendra que l’avenir de son fils lui échappera... Comme à la plupart des parents ! Luc parlera encore une fois de Marie pour noter qu’avec les disciples, elle se préparait en prière à recevoir l’Esprit Saint (16).
Jean enfin, parle deux fois de Marie qu’il nomme uniquement « la Mère de Jésus ». Aux noces de Cana (17) où Jésus lui fait prendre conscience qu’elle n’aura toute sa place que lorsque son « heure » sera venue. Cette place sera d’assister Jésus dans ses derniers moments sur la croix et de devenir la mère du disciple bien-aimé, ce qui signifie sans doute Mère de l’Eglise (18).
(1) Gal 4, 5 ;
(2) Mc 3, 21 - 35 ;
(3) Mc 3, 35 ;
(4) Mc 6, 3 ;
(5) Mt 1, 16. Jésus signifie « Dieu sauve » et Christ (en grec) comme Messie (en hébreu) signifient « Oint »;
(6) Mt 1, 21. Le songe, comme d’ailleurs l’ange, sont des intermédiaires de Dieu. Ils permettent de laisser toute liberté à Joseph ;
(7) « Du fait de l’Esprit Saint » : il s’agit d’une affirmation de foi. Ce serait un contre sens que de la réduire à une donnée biologique !
(8) Mt 1, 23. Emmanuel signifie : Dieu avec nous ;
(9) Lc 1, 28 – 38 ;
(10) expression biblique exprimant la présence de Dieu en son peuple ;
(11) Lc 1, 39 – 56 ;
(12) Lc 2, 10 – 14 ;
(13) Lc 2, 19 ;
(14) Lc 2, 35 ;
(15) Lc 2, 49) ;
(16) Actes 1, 14 ;
(17) Jn 2, 4 ;
(18) Jn 19, 25 – 27.