5ème dimanche de Carême

Le texte.   (Jean 8, 1 – 11).  (Les mots en italique sont plus près de l’original que ceux du missel)

Jésus s’était rendu au Mont des Oliviers. De bon matin, il retourna  au temple de Jérusalem. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.

Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en train de commettre l’adultère. Ils la placent au milieu (1) et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là (2). Et toi, qu’en dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé, et du doigt écrivait sur la terre.  Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. »  Et il se baissa à nouveau écrivant sur la terre. Quant à eux, sur cette réponse, ils s’en allaient l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés (3). Jésus resta seul avec la femme  au milieu. Se relevant (4), il lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Alors, personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et à partir de maintenant, ne te trompe plus. »

(1) C’est-à-dire là où on la voit le mieux, par dérision.

(2) Cette expression fait penser au « ces gens-là » de Jacques Brel...

(3) A mon âge on trouve ce genre d’humour plutôt douteux... Mais comme on dit : qui se sent des démangeaisons, qu’il se gratte....

(4) Dans sa honte, elle est restée figée. Je rappelle qu’il s’agit du même verbe que « ressuscitant » !

L’homélie.

Quand Jésus a dit à la femme : « Ne pêche plus ! » que disait-il exactement ? Qu'entendait la Bible par ces mots ? L’histoire de ce mot remonte sans doute à l’époque où, selon la Bible, Dieu avait pris l’initiative d’inviter les Hébreux à se libérer de l’esclavage subi en Egypte. Ce qu’ils ont fait. Mais vivre libre, cela s’apprend. Ainsi vivre libre oblige à sauvegarder la liberté des autres, et des autres peuples. Toujours selon la Bible, c’est donc à un peuple libre que Dieu offre son Alliance. Par celle-ci, il s'engageait à en faire son peuple, à le protéger. En retour, il l’invitait à vivre selon les lois (les « Dix paroles ») qui vont quasi toutes dans un même sens, le respect de l’autre. Les Hébreux acceptent ce pacte avec enthousiasme.

Mais très vite, ils doivent se rendre compte qu'ils ne cessent de désobéir à ces lois et qu’ils ne trouvent pas la joie escomptée. Et ils vont trouver un mot pour exprimer ce manque. Le mot qui décrit ce qui arrive à un archer qui vise mal : il « rate » sa cible, son objectif. De fait, si nous désobéissons aux lois, n'est-ce pas parce que nous espérons trouver mieux en suivant notre intuition ? Un exemple. Une loi interdit de dire du mal du prochain. Pourquoi le faisons-nous quand même ? Parce qu’on espère en tirer du plaisir. Même si après coup, on constate que ça n’a pas été le cas. Au fond, c’est ce à quoi revient le « péché originel », c’est-à-dire ce péché propre à tout humain ? Dieu avait invité les humains à jouir de tous les fruits de la création, non pour eux seuls (1) mais en partageant. Que toutes et tous puissent vivre. Or, trop souvent les humains ne voient que leur seul intérêt. Ce qui amène des réactions de violence, de vengeance,  de mort.

Prenons l'évangile. Qu'est-ce qui a amené cette femme et son complice, que, notons-le, les accusateurs, et c'est scandaleux, n’ont même pas convoqué, qu'est-ce qui les a donc amenés à commettre l'adultère ? L'espoir d'en retirer du plaisir. De même, qu'est-ce qui a poussé scribes et pharisiens à traîner cette femme devant Jésus ? Sans doute la joie de coincer Jésus qui n’arrête pas de les critiquer. Car ici, ils sont sûrs de le coincer. En effet si Jésus condamne cette femme, il fera mentir sa bonne nouvelle d’un Dieu d’amour et de pardon. Et s'il n’exige pas de la lapider, il se mettra publiquement en tort vis-à-vis de la loi de Moïse, Ce qui serait grave pour lui. En fait, les accusateurs se moquent bien de la femme. Ils s’en servent pour nuire à Jésus.

Jésus qu’ils vont apprendre à connaître. A leurs dépens. Aussi, alors qu'ils le questionnent sur le sort que mérite cette femme, il se met à dessiner sur le sol. Comment mieux montrer qu’il n'en a rien à cirer de leurs histoires. Mais vient surtout sa parole géniale : « Que celui d'entre vous qui n'a jamais péché lui jette la première pierre ! » Or ils se connaissent assez les uns les autres pour ne pas commettre l’imprudence de relever le défi. Aussi tous se taisent et tous quittent piteusement la place.

Enfin, voilà Jésus seul avec la femme et il lève les yeux sur elle. Non des yeux de juge impitoyable mais des yeux de tendresse. Il lui annonce la bonne nouvelle : « Je ne te condamne pas. Va. » Oui, mets-toi en route, marche la tête haute ! Avec un conseil : « ...et désormais ne pèche plus. » Mieux encore : « ...et désormais ne te trompe plus (2) ! »

Histoire du passé où les femmes n’étaient rien ou pas grand-chose ? Le machisme est malheureusement toujours bien là. Combien de femmes aujourd’hui ne continuent-elles pas  à être exploitées, violées. Le plus souvent, elles sont responsables de tout : d’élever les enfants, de chercher l’eau, le bois, d’assurer le travail aux champs, de nourrir la famille. Elles produisent ainsi  80 % de l’alimentation. De plus, elles sont sans droit, les hommes se réservant tout : le contrôle et la gestion des ressources (capital, terre, eau, crédits, formation, etc.)… Pendant ce carême, il nous est possible d’aider ces femmes à se mettre debout.

(1) Aussi bien leur intérêt personnel que l’intérêt collectif,  au niveau des états, des sociétés économiques, etc.

(2) Je tiens cette traduction, tout à fait  possible, de Myriam Tonus qui faisait un exposé à des personnes séparées et divorcées.

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