23ème dimanche ordinaire

Les textes.               

Lettre de Paul à Philémon 9 – 17

Fils bien aimé, moi, Paul, qui suis un vieil homme, moi qui suis aujourd’hui en prison à cause  du Christ Jésus, j’ai quelque chose à te demander pour Onésime, mon enfant à qui, dans ma prison, j’ai donné  la vie du Christ. Je te le renvoie, lui qui est une part de moi-même. Je l’aurais volontiers gardé auprès de moi, pour qu’il me rende des services en ton nom, moi qui suis en prison à cause de l’évangile. Mais je n’ai rien voulu faire sans ton accord, pour que tu accomplisses librement ce qui est bien, sans y être plus ou moins forcé. S’il a été éloigné de toi pendant quelque temps, c’est peut-être pour que tu le retrouves définitivement, non plus comme un esclave, mais bien mieux qu’un esclave, comme un frère bien-aimé : il l’est vraiment pour moi, il le sera plus encore pour toi, aussi bien humainement que dans le Seigneur. Donc, si tu penses être en communion avec moi, accueille-le comme si c’était moi.

Evangile Luc 14, 25 – 33

Des grandes foules faisaient route avec Jésus. Il se retourna et leur dit : « Si quelqu’un vient à moi sans haïr (1) son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi, ne peut être mon disciple.

Quel est celui d’entre vous qui veut bâtir une tour, et qui ne commence pas par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi pour aller jusqu’au bout ? Car, s’il pose les fondations et ne peut pas achever, tous ceux qui le verront se moqueront de lui : ‘’Voilà un homme qui commence à bâtir et qui ne peut pas achever.’’ Et quel est le roi qui part en guerre contre un autre roi, et qui ne commence pas par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui vient l’attaquer avec vingt mille. S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander la paix.

De même, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tous ses biens, ne peut être mon disciple. »

 (1) Il se fait que le comparatif n’existe pas en araméen ni en hébreu. Dès lors, là où en français on dit « préférer », en araméen cela devient aimer ou haïr. Cette mise au point atténue quelque peu les propos tellement durs  de Jésus : haïr  père ou mère ou famille... Notons toutefois que ces propos de Jésus demandent d’être situés. Il  les dit tandis qu’avec les siens il fait route vers Jérusalem et donc vers de terribles affrontements : l’arrestation, la condamnation à être crucifié et la crucifixion...

L’homélie.

Remarquons immédiatement que la route dont parle l’évangile n’a rien d’une promenade de santé, elle mène à Jérusalem, là où des choix radicaux devront se faire. Fini la douce Galilée ! On sera face aux adversaires de Jésus. Là où prendre son parti signifiera nécessairement subir les foudres des autorités religieuses. Jésus estime donc indispensable que ces foules qui le suivent le fassent en connaissance de cause. C’est pareil pour les volontaires d’une institution comme la Protection Civile ou le Service d’incendie. A leur engagement, chacune, chacun doit savoir qu’il lui faudra peut-être un jour risquer. Sous peine de s’envoler à la première difficulté ! Mais malgré ses mises en garde, « tous » s’enfuiront à l’arrestation de Jésus (1) !

Soyons clairs, Jésus n’a jamais recherché le martyr. Si les autorités religieuses l’ont combattu à mort c’est parce qu’il lui paraissait essentiel d’annoncer l’amour de Dieu en priorité aux « petits » et de prendre leur défense. Or  ces autorités les méprisaient comme pécheurs. Il a mené ce combat les mains nues, sans aucune arme. Et c’est  ce qu’il attend de ses disciples. Mais ses disciples d’aujourd’hui, courent-ils encore d’aussi grands risques ?

Oui et non. Non, car dans nos pays, être chrétien n’est pas un risque. Mais oui, car préconiser une  société accueillante aux étrangers, aux réfugiés dans la misère, à celles et ceux qui viennent chez nous avec leurs si nombreux enfants pour,  dit-on, « profiter » de notre Sécurité Sociale,  etc. c’est se faire évidemment des ennemis et sans doute perdre de bonnes relations. D’autant plus si nous nous engageons à être de celles et ceux qui accueillent.

Prendre ce genre de parti peut s’avérer un jour difficilement tenable. Aussi Jésus propose-t-il deux petites paraboles éclairantes. La première : celui qui  veut bâtir une tour ne peut se contenter de ne prévoir que de solides fondations. Et la seconde : qui veut affronter un ennemi bien armé doit à temps calculer ses forces. Sous peine, dans les deux cas, de se couvrir de ridicule. Pour Jésus aussi, aller à contre-courant des idées reçues provoque nécessairement la perte d’amis. Il faut s’en rendre compte. Sous peine de passer pour une girouette.

J’ai repris la lettre de Paul à son ami Philémon (2). Ce chrétien aisé est, comme  souvent dans son milieu, « propriétaire » d’esclaves, dont Onésime. Lequel s'est enfui. On ne sait comment il a rencontré Paul alors en prison et il lui a rendu des services (3). Ces contacts lui ont fait demander le  baptême et Paul l’a baptisé. En fait, au regard des lois, Paul aurait dû le dénoncer à la police. Il ne l’a pas fait mais il l’invitera un jour à retourner chez son maître. Pour préparer celui-ci, il lui envoie cette lettre demandant d'accueillir généreusement son esclave fautif qui, dit-il, grâce à son baptême, est devenu un frère bien-aimé.  

Il y a un lien entre ce récit et le passage d'évangile où Jésus dit que tout disciple doit être prêt à porter sa croix, c’est-à-dire être prêt à faire des choix de vie parfois bien difficiles. Paul ne demande-t-il pas à Philémon de renoncer à se venger de son esclave et même à le considérer désormais comme un frère ? On ne connaît pas la réponse de Philémon. Mais cette belle lettre est un témoignage  que devenir chrétien peut conduire à de fameux renoncements.

(1) Marc 14, 50 & Matthieu 26, 56.

(2) Deuxième lecture.

(3) A l’époque, un prisonnier pouvait avoir des contacts avec l’extérieur.

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