27ème dimanche ordinaire

Le texte        Luc 17, 5 – 10. (Les mots en italiques sont plus proches de l’original que dans le missel.)

Les apôtres dirent au Seigneur : « Ajoute-nous de la foi ! » Le Seigneur répondit : « La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au mûrier que voici : ‘’Déracine-toi et va te planter dans la mer’’, il vous obéirait.

Lequel d’entre vous, quand son esclave vient de labourer ou de garder les bêtes, lui dira à son retour des champs : ‘’Viens vite à table ?’’ Ne lui dira-t-il pas plutôt : ‘’Prépare-moi à dîner, ceins-toi pour me servir, le temps que je mange et que je boive. Ensuite tu pourras manger et boire à ton tour.’’ Sera-t-il reconnaissant envers cet esclave d’avoir exécuté ses ordres ? De même vous aussi, quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a prescrit, dites-vous : ’’Nous sommes des serviteurs non indispensables : nous n’avons fait que notre devoir.’’ 

Homélie

Jésus vient de dire aux disciples qu’ils sont appelés à pardonner sans cesse. D’où leur demande de leur ajouter de la foi. Mais qu’ils sachent que même alors ils seront des « serviteurs non indispensables ». Aujourd’hui ce sont les prêtres, diacres, religieuses /religieux, évêques... mais aussi ces laïcs si nombreux à prendre au sérieux leur baptême et à rendre service dans paroisses et diocèses. A ce sujet, une réflexion : que les prêtres se fassent rares en Europe occidentale n’est donc pas une question essentielle. Il serait plus juste de dire que leur rareté peut être, si on la saisit, l’occasion de mettre en pratique les intuitions du Concile Vatican II (1), qui reprenait les traditions des premières communautés chrétiennes. Pour saint Paul en effet le problème n'était pas de trouver des collaborateurs mais bien plutôt de les faire travailler en concertation (2) ? 

Dans la plupart de ces communautés, il y avait donc, sans qu’on ne sache pas trop aujourd’hui à quels services cela correspondait : apôtres, prophètes, catéchistes, soignants, des préposés à l'entraide et à la direction des communautés (2). Chacune, chacun agissant selon ses qualités, ses « charismes ». A la fin de sa lettre aux chrétiens de Rome, Paul dit ainsi sa gratitude à une bonne vingtaine de collaboratrices et collaborateurs (3). Malheureusement, cette tradition se perdit très vite et bientôt seuls les prêtres se chargèrent de tous les services, eux se croyant bien vite indispensables, tout en prenant le pouvoir... Dans cette ligne, l’ancien évêque auxiliaire du Brabant Wallon, pour pallier la rareté des prêtres d’ici fit appel à toujours des prêtres mais désormais d’ailleurs (4). Négligeant donc les appels du Concile ...

C'est donc à tous ces serviteurs, à quelque niveau que ce soit, que Jésus demande de se reconnaître « non indispensables». Certainement avait-il déjà eu l'occasion de s’effrayer de l'ambition et de la vanité de l'un ou de l'autre des disciples qu’il avait appelés mais  qui, au fond d’eux-mêmes refusaient ce statut de simples serviteurs...     

Je me suis étendu sur ce thème. Mais il y en a un autre, tellement plus important : les serviteurs que Jésus appelle dans un secteur bien plus essentiel à ses yeux que le fonctionnement de l’Église. Un secteur à la dimension du monde, le « Royaume de Dieu ». Ce Royaume qui, dès les évangiles, surgit n'importe où dès que se prennent des initiatives le plus souvent  discrètes, en vue de rendre ce monde meilleur, plus humain, plus fraternel.

Ici, pas de concurrences entre convictions religieuses ! Pas de bâtiments, pas d'organisations lourdes, pas de castes de prêtres ou d’évêques mais d'innombrables initiatives spontanées qui naissent du coeur d'une personne ou d'un groupe, croyant ou non, et qui, toujours de manière simple, s’attachent à donner vie et chaleur à ce monde. Que ce soit dans la famille, le quartier ou au loin, dans ou hors de l’Eglise. A celles et ceux qui oeuvrent ainsi pour le Royaume, Jésus recommande, évidemment aussi, de se reconnaître serviteurs non indispensables. 

Que nous soyons serviteur dans l’Eglise ou non, nous avons, nous aussi, l’immense besoin de cette foi dont Jésus disait qu'elle devait pouvoir déraciner un mûrier et le replanter dans la mer (!). Foi à un double niveau. D'abord croire que c'est vrai qu'agissant ainsi, croyant ou non, dans l'Église ou au-dehors, nous travaillons à l'oeuvre de Dieu. Modestement mais réellement. Et foi encore plus grande de croire et espérer que, puisqu'il s'agit de l'oeuvre de Dieu, dans l'Église ou au-dehors, ces efforts réussiront un jour. Et cela malgré tant d'obstacles en nous et autour de nous. Car un jour, c'est notre foi et notre espérance, la Vie aura le dernier mot.

(1) « Les laïcs, réunis dans le peuple de Dieu… sont appelés, quels qu’ils soient, à coopérer comme des membres vivants au progrès de leur Eglise… » (Lumen Gentium n°33).

(2) 1 Corinthiens 12, 14 – 21 et 12, 27 – 30 ;

(3) Romains, 16, 1 – 24 ;

(4) Loin de moi l’idée de mettre en cause la valeur personnelle de ces prêtres !

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