Pas de place.

Pas de place, trois mots répétés, répétés, répétés,
depuis cette première nuit qui commençait le premier jour.
Trois mots répétés sans cesse, même par celui qui pratique,
même par celui qui se prosterne devant cette mangeoire,
que depuis, d'ailleurs, il appelle une crèche.  C'est moins vulgaire
et plus propre, surtout avec de la belle paille en plastique.

Et les pauvres, les pauvres gens, comme tous les pauvres
de toujours et partout n'ont pas insisté, n'ont pas osé insister.
Ca ne se fait pas de déranger les rires et les cris
des bruyantes retrouvailles d'un soir, à l'étape.
Ils se sont donc retirés, discrets, honteux,
honteux d'avoir arrêté un instant le brouhaha.
"Excusez-nous, c'est rien, on trouvera bien ailleurs.  
Vous en faites pas."  Et sans déranger, sans gêner personne,
l'enfant est né dans une étable.

Pas de place, pas de place...  Y aura-t-il jamais une place
pour l'autre?  pour celui qui est autrement,
qui parle drôlement, qui s'habille bizarrement,
qui sent mauvais du reste, enfin qui n'est pas comme moi,
comme nous.

Au fond, ils n'avaient qu'à...  ils auraient dû...  Moi, à leur place...
Mais voilà, ces gens ne réfléchissent pas.  
Ils ne réfléchissent jamais.

Alors moi, je leur dis...  Oui, qu'est-ce que je leur dis?
Qu'est-ce que nous leur disons, moi et ma société?
Cette société à laquelle je tiens plus que tout, plus qu'à eux,
en tout cas.  Sauf quand je proclame la main sur le coeur
qu'elle est trop égoïste et qu'il faudrait la changer !

Je leur dis, nous leur disons : "Pas de place ?" Ou "entrez ?"
Bon, ça va.  Entrez.  D'ailleurs ce petit est Dieu.  Aujourd'hui,
on le sait par le catéchisme.

Dieu?  Ce n'est tout de même pas raisonnable un Dieu
qui commence son histoire chez nous par mendier une place,
une petite place, pour naître.  C'est raté.
Ca fait très peu Dieu.  C'est même maladroit, mesquin.
Disons-le, ce n'est pas honnête.  Si on ne le reconnaît pas,
il n'a qu'à s'en prendre à lui.  Car si on avait su qui il était,
on aurait trouvé une  place.  On se serrait même serré.
On n'est pas des bêtes !  
Mais venir comme ça, sans prévenir, sans un petit miracle,
sans un petit signe, une petite croix à la boutonnière !
Enfin.  Allez, entrez quand même !

Et le bonne nouvelle dans tout ça?

Eh bien, c'est que quand même Christ est venu, Christ est né,
Christ a souffert, Christ est vivant, Christ reviendra.

C'est que ce fils de pauvres, ce mal reçu, cet étranger
est bien capable  de me changer, de me libérer,
de nous changer, nous libérer,
parce que justement il est faible, petit, pauvre, sans rien.
C'est ça la bonne nouvelle.  Éternellement.

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