Nuit de Noël

Le texte (Luc 2, 1-19)

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre (1). Ce premier recensement eut lieu lorsque  Quirinus était gouverneur de Syrie. Et chacun allait se faire recenser dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, quitta la ville de Nazareth en Galilée, pour monter en Judée, à la ville de David, appelée Bethléem, car il était de la maison  et de la descendance de David. Il venait se faire recenser avec Marie, sa quasi épouse, qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter. Elle enfanta son fils premier-né. Elle l’enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.

Dans les environs se trouvaient des bergers vivant dans les champs et veillant les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se mit devant eux et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils craignirent d’une grande crainte, mais l’ange leur
dit : « Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Christ, le Seigneur. Et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un bébé enveloppé de langes et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. »

Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux : « Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui  est arrivé, et que le Seigneur nous a fait connaître. »  Ils se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, et le bébé  couché dans une mangeoire. Après l’avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tout le monde  s’étonnait de ce que racontaient les bergers. Marie, cependant  gardait avec soin ce qui avait dit et le  méditait dans son cœur.

(1) Il s’agit des régions connues, grosso modo l’empire romain.
 
L’homélie

En cette nuit de Noël, qui fêtons-nous dans d’innombrables églises, églises de village, comme ici, ou toutes grandes cathédrales ou  basiliques ?  Un tout grand personnage ? Mais est-on un grand personnage quand on n’a triomphé dans aucune guerre, quand on n’a fait aucune découverte scientifique, quand on n’a rien écrit ?
Ce n’est évidemment pas le cas de celui que  nous fêtons cette nuit puisqu’il s’agit d’un bébé, et encore d’un bébé qui vient tout juste de naître et dont les débuts dans la vie ne furent vraiment pas grandioses. Ses parents avaient dû quitter leur village et partir sur les routes. Car un ordre était venu  d’en-haut. Le grand chef de ce temps-là, l’empereur romain, obligeait les citoyens de son immense empire à aller se faire recenser dans leur ville d’origine. Et bien que la maman fût sur le point d’accoucher, elle et son mari avaient donc dû faire quatre à cinq nuits de marche. Car à l’époque, on voyageait plutôt la nuit. Heureusement que des gens hospitaliers, mais dans ces pays en bordure du désert qui n’est pas hospitalier, heureusement donc que des gens hospitaliers leur avaient offert le coin le plus chaud  de leur maison, c'est-à-dire l’étable (1). C’est ainsi que naquit celui que nous fêtons cette nuit.
Des personnes sont venues voir ce bébé né si loin de chez lui. Parmi ceux-ci, aucun prince, aucun prêtre ou grand prêtre, aucun docteur de la loi. Non, personne du gratin religieux d’alors mais des pauvres, des bergers. Ils avaient laissé leur travail de nuit pour venir admirer ce bébé. Ils ont  alors expliqué que Dieu leur avait envoyé des messagers, que nous appelons des anges, pour leur dire que ce bébé n’était pas n’importe qui, qu’il changerait le monde.  Ils avaient même reçu un signe pour le reconnaître. Mais est-ce vraiment un signe qu’un bébé emmailloté et couché dans une mangeoire ? N’empêche qu’ils sont venus. Et le contemplant, leur cœur s’est rempli d’une joie merveilleuse, indicible.
 
Les signes de Dieu sont toujours déroutants. Trente ans après, le signe que ce Jésus a vaincu la mort sera un tombeau vide. Et après, ce sera un morceau de pain. Oui, comme ils sont déroutants les signes de Dieu. Seuls les cœurs de pauvre peuvent les reconnaître. Car ce bébé, devenu grand, restera étrange. Il avait un lien unique avec Dieu, qu’il appelait son Père, et pourtant il fréquentait  surtout des gens mal vus, comme des collecteurs d’impôts, des prostituées, des païens. Ou de petites gens à la réputation douteuse. Il se sentait chez lui surtout auprès des lépreux, des malades, des infirmes (considérés à l’époque comme impurs et donc pécheurs.)  Etait-ce sérieux pour un envoyé de Dieu de fréquenter surtout ces gens-là ?  
 
Un jour, peu avant sa mort, des gens, sans doute des Galiléens venus à Jérusalem pour les fêtes, lui firent un triomphe. Car il faisait son entrée dans la ville sainte mais il ne montait pas un cheval d’apparat. Non, il était assis sur un petit âne, petit âne qu’il avait d’ailleurs dû emprunter. Quel pied de nez aux grands de ce monde avec tout leur spectacle autour de leur personne ! D’ailleurs  tout se terminerait de la manière la plus pitoyable. Arrêté, condamné au supplice de la croix, ce Jésus allait mourir comme un malfaiteur.
 
Bien sûr, nombreux furent les responsables de son Eglise qui ont voulu corriger cet aspect si lamentable de l’envoyé de Dieu.  Ils n’ont rien trouvé de mieux que des fastes éclatants, comme, par exemple, singer la cour impériale : ses cérémonies, ses rites, ses vêtements somptueux. Comme si on honorait Dieu comme on honore un homme ! Car se pose ici la question à laquelle un chrétien  ne peut échapper : ce bébé emmailloté et couché dans une mangeoire, qui devint un homme si ordinaire, pour toi, est-il vraiment Fils de Dieu ? Et qu’est-il alors pour toi dans ta vie quotidienne ? A cette question essentielle,  seule la foi peut répondre.

(1) Les maisons rurales d’alors étaient le plus souvent constituées de deux salles : une salle commune, pour  les gens, et une étable. La salle le plus chaude étant évidemment l’étable. S’y ajoutait parfois aussi un grenier. La tradition d’une grotte n’apparaîtra qu’au 2e siècle.

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