21ème dimanche ordinaire

21ème dimanche ordinaire,  Matthieu 16, 13 – 20.

 

Le texte.    

Jésus était venu dans la région de Césarée-de-Philippe (1), et il demandait à ses disciples : « Le Fils de l’homme (2), qu’en disent (3) les hommes ? »  Ils répondirent : « Pour les uns, il est Jean Baptiste.  Pour d’autres, Elie.  Pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes (4). »  Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous (3) ?  Pour vous, qui suis-je ? » Prenant la parole, Simon-Pierre déclara : « Tu es le Messie (5), le Fils du Dieu vivant ! » Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclara : « Heureux (6) es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux.  Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre (7), et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise.  Et les portes de l’enfer ne pourront rien  contre elle (8).  Je te donnerai les clés (9) du Royaume des cieux (6) : tout ce que tu auras lié sur terre sera ayant été lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera ayant été délié dans les cieux. »  Alors, il ordonna aux disciples de ne dire à personne qu’il était le Messie (10).

(1) ville construite vers l’an 2 avant  Jésus par le tétrarque Hérode-Philippe en l’honneur d’Auguste, à côté des sources du Jourdain. Ces sources étaient  tellement abondantes que les anciens y ont vu une intervention divine et y ont donc construit un temple en l’honneur du dieu Pan, le dieu de la nature. Les Arabes, ayant conquis la région au 7e siècle, ont appelé ce lieu ‘Banias’, puisque la lettre ‘P’ n’existe pas en arabe ! !

(2) Quand Jésus parle de lui-même, il utilise une formule ambiguë : « Fils de l’homme ». Ambiguë car elle signifie soit un personnage céleste à visage humain décrit par le prophète Daniel (7, 13) qui jugera le monde à la fin des temps, soit un homme ou fils d’homme, comme le propose le prophète Ezékiel (2, 1). N’est-ce pas parce que Jésus veut laisser à chacun le soin d’y mettre le sens qui lui convient ?    

(3) Jésus ne pose pas la question : « qui ‘suis’-je à vos yeux » mais : « que ‘dit’-on de moi ? Ou  que ‘dites’-vous de moi ? »  Quel est votre témoignage à mon sujet ? 

(4) On voit qu’à ce moment, la foule considère donc Jésus comme un envoyé de Dieu. Remarquons que Jésus ne commente pas ces réponses.

(5) A cette époque, le titre de Messie était compris comme celui d’un roi temporel, le nouveau David, qui serait envoyé par Dieu pour libérer son peuple. Messie est un mot hébreu qui signifie « oint », celui que Dieu désigne par une onction. En grec, ce mot se dit ‘Christ’. 

(6) Voici donc une béatitude de plus : heureux qui écoute le Père.  

(7) ‘Pierre’ n’était apparemment pas alors un nom propre, de même que son équivalent araméen  ‘képhas’.

(8) C’était une idée juive courante que les membres de la communauté messianique des derniers jours ne seraient pas retenus dans la mort.  

(9) Par cette image de « clés », Jésus promet à Pierre l’exercice de l’autorité sur l’Eglise et notamment le pouvoir d’y introduire les hommes  ou de les en exclure.

(10) Jésus impose ce silence parce qu’à ce moment, personne  n’imagine qu’il puisse exister un Messie souffrant. Pour, selon Jésus, le reconnaître comme LE Messie, il faudra donc attendre sa passion et sa mort.

L’homélie.

« Que dit-on de moi ? » Et « Qui dites-vous que je suis ? »  Le récit se concentre ici sur ce qui est dit de la personne de Jésus.  Mais à cette question que de réponses diverses et même divergentes !  Et c’est toujours le cas.  Pour nous en rendre compte, ne parcourons que l’évangile de Matthieu.  Ainsi, au tout début, pour les mages, il est le « roi des Juifs » (1).   Pour Jean Baptiste, il est celui qui, plus fort que lui, baptisera dans l’Esprit Saint et le feu (2).  Plus loin, un lépreux lui crie : «Seigneur ! » (3)  Plusieurs l’appellent : « Fils de David ».  Beaucoup dont les disciples l’appellent : « Seigneur  » ou « Maître » ou comme ici « Jérémie » ou « un prophète ».  Oui, que de réponses !

Ce n’est donc que peu à peu que, grâce aux événements, ses disciples vont pouvoir le découvrir.  Ils le verront ainsi capable d’apaiser une tempête (4) et de marcher sur les eaux (5), c’est-à-dire de dominer le mal.  Ils le verront encore capable de nourrir une foule à partir de si peu (6).  Ils constateront aussi qu’il aime la solitude et la prière, pour être à l'écoute de son Père.  Trois d’entre eux entendront  le Père dire à son sujet : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé» (7).  Tout à la fin, au  repas de la Pâque, il  rompra le pain et présentera la coupe de vin (8).  Ce qu’il dira alors peut s’interpréter : ceci c’est moi dont la vie va être brisée. Ceci c’est moi dont le sang va couler. Prenez et mangez. Prenez et buvez !  Avec comme conclusion : « faites ceci en mémoire de moi » (9).  Bien sûr, la mémoire ne consistera pas à répéter ces gestes mais à continuer sa mission d’humaniser ce monde, c’est-à-dire d’édifier le Royaume.

L’évangile nous présente aussi de remarquables actes de foi.  Comme ce dimanche, celui de Pierre : «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. »  Ou encore celui de la foule lors de son entrée à Jérusalem : «Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (10).  Ou encore l’acte de foi du centurion au pied de la croix : « Vraiment celui-ci était Fils de Dieu ! »(10).  La grande question étant évidemment : que valaient ces « confessions de foi » ?  Car il y a cet élément surprenant que le premier à appeler Jésus « le Saint de Dieu » est un «possédé» (11)!  Et au calvaire, ce seront ses assassins !  Si bien que Saint Jacques peut écrire dans sa lettre : Tu crois au Dieu unique ? ... Les démons y croient aussi (3)!    

Car Jésus suscite aussi de la méfiance.  Déjà de la part des gens de son village.  Ils s’étonnent : « N’est-ce pas le fils du charpentier (11) ? »  Jésus dit même qu’on le qualifie de « glouton et ivrogne » (12)  !!!  Certains  affirment carrément qu’il est un suppôt de Satan (13).  Quant aux autorités religieuses juives, elles le combattent férocement.  Finalement, les actes de foi les plus vrais ont surtout été des attitudes, des manières d’être. 

C’est évidemment un appel pour nous : que nous affirmions notre foi avant tout par notre manière d’être et de vivre.  Que la Bonne Nouvelle d’un Dieu qui se fait proche de toutes et de tous, nous l’annoncions d’abord en nous faisant proches des autres et surtout des plus démunis.  C’est-à-dire en prenant notre part à l’œuvre de Jésus qui est de rendre ce monde meilleur, plus humain, plus heureux, autant dans nos relations de personne à personne que dans nos luttes sans violence contre toute injustice.  Avec cette conviction qui habitait Jésus que, un jour, nul ne sait ni quand ni comment, le Royaume, la Vie, la Tendresse auront le dernier mot.

Enfin tout en donnant à Pierre les clés du Royaume, c à d une réelle responsabilité, Jésus lui rappelle qu’il s’agit de son Eglise, à lui, Jésus !

(1) Beaucoup de citations viennent de Matthieu. Ici   2, 2 ;

(2)  3, 11) ;

(3) 8, 2 ; Jacques 2, 19 ; 

(2) 13, 54 – 56 ; 

(3) 11, 19 ;

(4) 8, 26 ;

(5) 14, 25 – 26 ;

(6) 14, 17 ;

(7) 17, 5 ;

(8) 26, 26 ; 

(9) Cette formule n’est pas dans Matthieu mais uniquement en Luc 22, 19 et chez Paul : 1 Corinthiens 11, 24 et 25 ;

(10) ,21, 9 ;

(11) ;Marc 1, 24 ; 27, 54 :

(12) 13, 55 ;

(13) 12, 11, 19 ;

(14) 12, 24 ;

(15) voir note (2) sur le texte ;

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