Le texte Jean 15, 26 – 27, 16, 12 – 15
C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis. Tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »
L’homélie
« Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie », dit Jésus. Jésus, de fait, a compris, le jour de son baptême, qu’il avait reçu une mission de Dieu. Elle peut se résumer ainsi : annoncer la Bonne Nouvelle que notre Dieu est un Père qui se fait proche de tous les êtres humains. Toutes et tous en effet, il les considère comme ses enfants bien-aimés. L'annonce de cette Bonne Nouvelle, Jésus l'a faite par des paroles, par des gestes, finalement par toute sa vie, notamment en rendant plus humaine l’existence de celles et ceux qu’il a rencontrés.
Tout au long de sa vie en effet, Jésus manifeste une grande affection pour ses sœurs et frères, particulièrement pour les blessés de la vie. Un des aspects essentiels de l’attitude de Jésus est d’effectivement se faire proche, soigner, soulager, remettre debout des femmes et des hommes qui souffrent. Ce n’est pas tout. A cela s’ajoute un autre aspect essentiel. Par amour pour ces blessés de la vie, il se fait un devoir de dénoncer durement les responsables de sa religion. Car ceux-ci en rajoutent encore à la souffrance de ces malheureux en les accusant d’être impurs, loin de Dieu, ne méritant que le mépris des gens honnêtes.
Il le fait avec d’autant plus de vigueur que ces responsables religieux donnent ainsi au peuple l'image d'un Dieu désespérant. Un Dieu dont la soi-disant sévérité et la soi-disant intransigeance, ne peuvent que culpabiliser celles et ceux qui font leur possible pour vivre selon leur conscience. Un tel Dieu est tout à l'opposé du Dieu qu'annonce Jésus.
Mais, on le sait, s'en prendre à l'autorité est toujours dangereux. Ca se paie cash. Aussi Jésus fait-il appel au Souffle de Dieu, à sa force, qu’il appelle l'Esprit Saint. Ainsi pourra-t-il mener sa mission jusqu'au bout, malgré la haine meurtrière des chefs du peuple.
Un jour, Jésus va proposer à ses disciples de continuer la mission qu’il avait entreprise, cette mission à la fois si belle et si dangereuse. Eux aussi, auront donc bien besoin d’un même Souffle, d’une même force, du même Esprit Saint. Aussi leur propose-t-il de s’ouvrir à ce Souffle. C’est ce qu’il propose à toute l'Église, à nous aussi donc. C'est ce Souffle, qui habite en nous depuis notre naissance, que nous célébrons en ce jour de Pentecôte.
Les disciples de Jésus ont, eux aussi, cru à la force de ce Souffle. Leur vie en a d’ailleurs été bouleversée. Eux les craintifs, qui s’enfermaient à double tour, les voilà maintenant qui osent se montrer au grand jour et annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus. Et comme Jésus, ils le feront par des paroles, par des actes, par leurs attitudes. C’est d’ailleurs en son nom qu’ils se feront proches des personnes malades et handicapées. C’est en son nom qu’ils les soulageront, les soigneront, les remettront debout. Et comme Jésus, ils exigeront du pouvoir qu'il respecte tous ces laissés pour compte.
Comme Jésus aussi, ils vont très vite se rendre compte de ce qu'il en coûte de s'en prendre aux grands de ce monde. Dès lors, à leur tour, ils sentiront combien ils auront de plus en plus besoin de faire appel à ce Souffle de Dieu. Le livre des Actes note d’ailleurs (*) que, pendant plusieurs jours, accompagnés de Marie, ils prieront avec ferveur pour que leur cœur s’ouvre à lui. Et nous, leurs successeurs, nous avons un même besoin de ce Souffle. Surtout si nous sommes prêts à prendre, comme eux, le relais de Jésus. Ce jour de fête, nous sommes particulièrement invités à demander, non pas que vienne en nous l’Esprit Saint mais que nous soyons de plus en plus convaincus qu’il nous habite.
(*) Actes des Apôtres 1, 14.