15ème dimanche ordinaire

Le texte. Mc 6, 7 – 13           (Les mots en italique sont plus proches de l’original que les mots du missel)

Jésus parcourt les villages à la ronde en enseignant. Et il appelle les Douze, et pour la première fois il les envoie deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits mauvais, il leur prescrivit de ne rien emporter pour la route, si ce n’est un bâton. De ne prendre donc ni pain, ni sac, ni dans la ceinture aucun sou de bronze (1). « Mettez des sandales, ne prenez pas deux tuniques. » Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez en secouant la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. » Ils partirent et prêchèrent de se convertir. Ils chassaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les soignaient.

(1)  C’est-à-dire de petites pièces de bronze ou de cuivre à cacher dans la ceinture

L’homélie.

Non seulement Jésus a été mal reçu dans son village d’origine, on vient de le voir, mais même sa propre famille l’accuse de folie et cherche à l’enfermer. On comprend de fait combien celles et ceux qui l’ont vu grandir puissent avoir du mal à croire qu’il soit envoyé par Dieu. Jésus le dit lui-même : un prophète n’est pas méprisé sauf dans sa patrie. Mais cette attitude ne le décourage pas et, selon sa méthode, loin de s’acharner dans un endroit, il va ailleurs. Marc ne dit pas où, comme il ne donne toujours pas le contenu de sa prédication. Ce que Jésus s’est mis à faire c’est d’appeler à lui ceux qu’on nommera les « Douze » pour les envoyer. Ils auront à prêcher (1) et à faire reculer les forces du mal et pour ce faire, ils seront investis de l’autorité même de Jésus. Jusqu’à présent, ils sont restés avec lui et maintenant, il les envoie deux par deux. Leur vie de petite communauté sera un témoignage.

D’autant que Jésus se fait très précis sur le dénuement (2) qu’il attend d’eux : pas de bagages, pas de provisions, pas d’argent, une seule paire de sandales et une seule tunique... C’est vraiment  peu. Ils pourront juste disposer d’un bâton. On s’est interrogé sur cette exception. Etait-ce pour avoir de quoi se défendre contre des brigands ?  Certains pensent que c’était plutôt pour imiter les Hébreux fuyant l’Egypte (3) Quoi qu’il en soit, Jésus les invite à rejeter toute autosuffisance et à donc faire appel à l’hospitalité, avec cette précision de ne pas passer de maison à maison. Probablement dans le sens de : se contenter du peu qu’une famille peut offrir (4). Cette dépendance des disciples donnera d’ailleurs aux personnes évangélisées l’occasion d’intervenir dans la mission. Elles ne feront pas que recevoir. Elles auront un rôle.

Autre conseil de Jésus à ceux qu’il envoie : prévoir et accepter le refus. Surtout ne pas vouloir convaincre à tout prix. Les disciples devront apprendre à lâcher prise et à respecter la liberté  de chacune, de chacun. Jésus propose même un geste de l’époque qui montre bien que le refus a été compris et accepté. Ils proclameront la conversion ou, pour être plus exact, un changement de mentalité. Désormais en effet, il ne faut plus « monter » vers Dieu. Au contraire, c’est Dieu qui prend l’initiative de venir en ce monde : oui, le Royaume de Dieu se fait proche de toutes et de tous, sans exception ni condition

Voyons enfin les trois phrases qui terminent le passage : 1/ ils chassaient beaucoup de  démons. Ne pensons surtout pas à des êtres cornus au visage grimaçant. Comme dit plus haut, pensons plutôt à ce recul que Jésus impose au mal et en chacun et dans la société. 2/ Ils faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades. Geste inattendu puisqu’on ne voit jamais Jésus lui-même procéder ainsi. Il impose plutôt les mains. Geste qui signifiait l’intervention de Dieu. Et enfin 3/ : il les soignait. Je ne comprends toujours pas la traduction courante qui dit : il les guérissait. En grec en effet, il s’agit du verbe « therapeuô » qui se traduit par « soigner ». D’autant qu’il y a un autre verbe grec pour « guérir »...

(1) Voir Marc 3, 13 – 19 : ‘Il appelle ceux qu’il voulait. Ils vinrent à lui et il en établit douze pour être avec lui et les envoyer prêcher’.

(2). C’est pour imiter ces conseils, qu’en créant leurs Ordres, Dominique et François les ont voulus Ordres « mendiants ».

(3) Voir Exode 12, 11 : « Vous mangerez ainsi la pâque : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. ».

(4) J’ai des amis qui ont suivi ces conseils en marchant, sans un sou, du Brabant Wallon jusqu’à Assise. La tentation est forte, disaient-ils, quand on reçoit peu d’une famille d’aller frapper chez une autre... 

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