HOMÉLIE du 15ème dimanche 2017 Matthieu 13, 1 – 2
La grande annonce de Jésus porte sur Dieu et son Royaume qui se fait proche. Pour les disciples cela signifiait évidemment que, grâce à Jésus, le monde allait assister à une manifestation de la puissance de Dieu, à un bouleversement. Mais comme rien de ce genre ne venait, ils ont commencé à se poser des questions.
Ainsi, comment se faisait-il que, loin de suivre Jésus, l’envoyé de Dieu, bien des Juifs s’en détournaient, à commencer par leurs responsables religieux ? Comment se faisait-il encore que Dieu laissait faire ? Comment se faisait-il aussi que bien des paroles et des gestes de Jésus ne correspondaient pas à l'enseignement officiel de leur religion ni à ses traditions ? Dieu avait-il jamais dit que les derniers seraient les premiers, que les pécheurs passeraient avant les justes ? Comment était-ce possible encore que le Dieu de Jésus ne condamnait ni ne punissait les pécheurs notoires, alors que Jean Baptiste l’avait annoncé ?
Question encore : comment se faisait-il que ce Royaume annoncé par Jésus accueillait quiconque, quelles que soient sa conduite, sa vie passée, sa race et même sa religion ? D’où leur question : Jésus prêchait-il le vrai Dieu, le Dieu de Moïse ? Oui, l’essentiel de leurs questions portait sur le Dieu de Jésus. Pourtant, ils étaient bien forcés de reconnaître que Jésus faisait beaucoup de bien ! A tant de « petits », de pauvres, de pécheurs même, il avait redonné espérance ! Il avait guéri tant de leurs malades et infirmes !
Pour aider ses disciples à recevoir son message, Jésus va utiliser un mode de penser de l’époque, la parabole. Celle-ci est le plus souvent une histoire dont, à l’inverse de ce que nous pensons, le sens n’est pas évident. Pour le comprendre il faut chercher, creuser. Ainsi la parabole du semeur. Elle posait question en effet. S’il allait de soi qu’un semeur connaisse pas mal d’échecs dans son travail, pouvait-il en être de même pour Dieu ?
Le début de la parabole est simple. Comme le semeur, Dieu jette de multiples et merveilleuses semences dans l’humanité et dans le cœur de chacun. Ainsi l’admirable semence que fut la Loi, ces Dix Commandements faits pour nous aider à vivre heureux ensemble et avec Dieu. Mais ne fallait-il pas constater que si peu observent cette Loi ? Pouvait-on admettre un échec de la part de Dieu ? Est-il possible que Dieu, pas plus qu’un semeur, ne puisse rien contre les cœurs durs, les cœurs pleins de ronces et de pierres, les cœurs qui se ferment. Mais est-ce alors le vrai Dieu, le tout puissant ?
Par le moyen de la parabole, c’est ce que Jésus ose : provoquer un total retournement d’idée sur Dieu et donc avoir une autre vision de la puissance de Dieu. Au fond, la parabole est une première étape sur ce chemin de voir Dieu autrement. C’est peu à peu que Jésus expliquera que la puissance de Dieu ne force pas, qu’elle est une puissance d’amour ! Et l’amour n’oblige pas, l’amour demande du temps, l’amour invite à un « oui » libre ! Et de fait, grâce à Jésus, on voit de timides « oui » qui apparaissent déjà chez quelques-uns. Mais c’est lent, très lent et si discret !
Mais il ne faut pas oublier la fin de la parabole : un jour, viendra une moisson merveilleuse. Manière de dire que l’amour de Dieu triomphera. Quand ? Comment ? Nul ne le sait ! Mais en attendant, puisque la puissance de Dieu est amour, qu’elle n’attend que des « oui » libres, alors les échecs s’expliquent, ils seront même évidents, nombreux ! Les disciples et encore bien des chrétiens aujourd’hui ont du mal à y croire. C’est pourtant le message central de Jésus !