17ème dimanche 2017 (Matthieu 13, 44 – 52)
Le texte. (Les mots en italique sont plus proches de l’original que les mots du missel)
Jésus disait à la foule ces paraboles (2) : « Le Royaume des cieux est comparable (1) à un trésor caché dans un champ. L’homme qui l’a découvert le cache de nouveau. A cause de sa joie, il part et vend tout ce qu’il possède et il achète ce champ. Ou encore : le Royaume des cieux est comparable à un négociant qui cherche des perles fines. Ayant trouvé une perle de grandes valeur, il s’éloigne et vend tout ce qu’il possède, et il achète la perle.
Le Royaume des cieux est encore comparable à un filet qu’on jette dans la mer et qui ramène toutes sortes de poissons. Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s’assied, on ramasse dans des paniers les beaux poissons et on rejette les pourris. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde. Les anges viendront séparer les méchants des justes et les jetteront dans la fournaise : là où il y aura des pleurs et des grincements de dents.
« Avez-vous compris tout cela ? » « Oui », lui répondent-ils. Jésus ajouta : « C’est ainsi que tout scribe devenu disciple du Royaume des cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. »
(1) On comprend aisément que le trésor caché comme la perle représentent le Royaume. Dans la première parabole, l’homme n’a rien fait pour découvrir le trésor alors que dans l’autre, l’homme cherche. Malgré tout, dans les deux cas, leur découverte est inattendue. Ils ont d’ailleurs la même réaction : ils vendent tout ce qu’ils ont pour se procurer le trésor. J’ajoute que ce pays ayant connu des périodes troublées, il n’était pas rare que des gens aient caché leurs biens dans le sol et ensuite ont dû partir ou sont décédés...
(2) A nouveau, cette introduction peut se lire : le Royaume des cieux est comparable à ce qui se passe quand...
L’homélie.
Les deux premières paraboles racontent la surprise émerveillée de deux hommes quand ils font la découverte inattendue l’un d'un trésor caché dans un champ, l’autre d'une perle de grand prix. Pour l’un, c’est pur hasard, il ‘tombe’ dessus, et pour l’autre, qui cherchait, c’est quand même une surprise. Ils ont d’ailleurs la même réaction : l’un et l’autre vendent leurs biens pour acheter soit le champ au trésor (1), soit la perle. Notons que ces paraboles, contiennent aussi des énigmes et ne sont pas un récit moralisant du genre : c’est parce qu’ils se sont privés de leurs biens, qu’ils ont trouvé le Royaume. C’est juste l’inverse qui se passe !
A nouveau, le but de ces énigmes est de nous faire poser de bonnes questions sur Dieu et sur son Royaume. Nous avons appris précédemment que ce Royaume n’a rien de grandiose mais est petit, discret, même caché mais proche. Ces deux paraboles confirment la bonne nouvelle que ce Royaume se manifestera un jour, avec en plus qu’il sera offert sans condition à toutes, à tous. Et quelle joie pour celles et ceux qui s’en rendent compte ! Oui, acceptons que le Royaume ne se mérite en rien. Que Dieu l’offre gracieusement ! Quelle merveille !
Une question nous vient sans doute à l’esprit : à quoi, dans notre vie quotidienne, correspondent ces merveilleux trésors. A un énorme gros lot ? A de prestigieuses liturgies ? A un événement merveilleux de type mystique, comme saint Paul sur la route de Damas. Ce n’est vraiment pas ce que nous disent les gestes et les paroles de Jésus, comme nous les entendons dimanche après dimanche. Relisons donc quelques-unes de ses paroles.
Ainsi le discours de Jésus qui, en Matthieu, prolongent les béatitudes. Elles portent surtout sur les actes et paroles qui nous rendent proches les uns aux autres. Même chose dans les paroles par lesquelles Jésus évoque le « Jugement dernier » (3). Ici, Jésus affirme nettement que l’essentiel de nos attitudes est d’être attentif à notre prochain dans l’épreuve. Pour Jésus, les trésors les plus merveilleux se trouvent dans nos rencontres avec autrui et donc avec Dieu.
Pensons ici à des expériences personnelles où nous avons, nous aussi, rencontré la joie. Souvenons-nous des heureux moments qu’ont été une réconciliation offerte et accueillie, un coup de main, une visite, un coup de téléphone, des moments de retrouvailles, une soirée entre amis. Ou encore, pour les membres d’associations comme Amnesty International, l’immense joie d’apprendre la libération d’un prisonnier, ou pour des personnes travaillant dans une association syndicale, sociale ou de bienfaisance, la joie tout aussi grande de voir aboutir un projet difficile. Ou encore dans un tout autre domaine, celui de l’approche de la mort, la joie surprenante que peuvent procurer les soins palliatifs. Comme aussi le bonheur reçu d’un temps de prière intense, seul avec Dieu, ou ensemble. Ces moments sont signes du Royaume.
Quant à la parabole du filet tiré de la mer avec toutes sortes de poissons, elle ressemble à celle de l’ivraie. Jésus nous y parle en effet du Royaume arrivé à son aboutissement, où, alors, les « anges » sépareront les justes des méchants, ces derniers étant horriblement punis ! Cette punition, de même qu’une des issues du Jugement dernier ne sont pas à prendre au pied de la lettre ! Car, selon moi, ces horreurs qu’on ne voit que dans des paraboles ne reflètent pas la pensée de Jésus. D’autant plus qu’on ne les trouve jamais dans les rencontres de Jésus, même avec celles et ceux que les autorités et le peuple juif considéraient être les pires « pécheurs ».
Quant à la parole de Jésus sur le scribe devenu disciple, la plupart des exégètes pensent que ce scribe qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien ne serait autre que Matthieu lui-même, qui aurait peut-être été scribe...
(1) Est-ce honnête ? En tout cas c’est limite ! De toute manière, il nous faut chercher dans une parabole que ce qu’on appelle sa « pointe » ou l’essentiel. Ici, la pointe c’est la joie de la découverte du Royaume. Découverte qu’aucun des deux n’a « méritée » ! Le reste est détail !
(2) Matthieu chapitres 5 à 7.
(3) Matthieu 25, 31 – 46.