Le texte Jean 14, 23 - 29 et Actes 15 (Les mots en italique sont plus proches de l’original que ceux du missel.)
A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole. Mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. Celui qui ne m’aime pas ne restera pas fidèle à mes paroles. Or la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père qui m’a envoyé. Je vous dis cela pendant que je demeure encore avec vous. Mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.
C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne. Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Ne soyez donc pas troublés et n’ayez pas votre cœur dans la crainte. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : « Je m’en vais et je viens vers vous. » Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit toutes ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent. Ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez. »
L’homélie
Au fil des années, combien de bricoles ne s'accumulent-elles pas dans nos maisons sous le prétexte que « ça pourra toujours servir !» Et quand il faut déménager, on est effrayé de tout ce fatras. Je viens d’en faire l’expérience, il y a peu. On prend alors le ferme propos de ne plus rien garder d'inutile. Cette décision est-elle à peine prise qu'on recommence...
C'est pareil dans notre Église. Là aussi, au cours des siècles, quelle accumulation de définitions doctrinales, lois, obligations, interdictions, rites… qui, aujourd’hui, n'ont plus aucun sens. Beaucoup est conservé parce que, décident certains, il est interdit de toucher au passé. Ne pensons qu'aux titres honorifiques. Quel sens ont aujourd'hui ces titres de chanoine, monseigneur, prélat, protonotaire (certains disent protozoaire !) apostolique, camérier secret, cardinal, etc. ? De même, ces appellations d’un autre âge : excellence, éminence, sainteté ? Quel sens ? Si les personnes sont évidemment respectables, leur titre c'est autre chose !
C'est risible mais surtout triste car tout cela couvre de couches de poussière la Bonne Nouvelle. Le Concile Vatican II avait quand même réussi à en épousseter quelques-unes, qui discrètement reviennent une par une... Heureusement qu'à chaque siècle, aujourd'hui encore, il y a des femmes et des hommes dont la vie est, envers et contre tout, témoignage de cette Bonne Nouvelle. Et si des adultes demandent le baptême, ils le font parce que, malgré ces vieilleries, ils ont, grâce à la manière de vivre de chrétiens imprégnés de cet évangile, découvert la merveilleuse personne de Jésus.
Ce problème des lourdeurs du passé avait déjà compliqué la vie des premiers chrétiens. Aux débuts, ils étaient quasi tous juifs, tous circoncis donc. Mais l'arrivée de païens posa la question de garder ou non la circoncision qui « remontait à Moïse ». Les Actes des Apôtres laissent deviner combien les débats furent durs. On parvint quand même à décider. En 3 points : 1/ la circoncision ne concerne pas les ex-païens ; 2/ on respectera certaines traditions des sœurs et frères juifs, surtout celles concernant le sang ; et 3/ on laissera chacun vivre en paix. Selon la si belle parole de Paul : « Tout est permis mais tout n'est pas opportun », ou « tout ne construit pas ». (*)
Pour terminer, reprenons dans l’évangile de ce jour quelques paroles essentielles de Jésus.
1/ « Si quelqu'un m'aime », dit Jésus. Bonne nouvelle : la foi n'est pas d'abord une affaire d'intelligence, de connaissance ou de caractère mais d'abord une question d'aimer. Et aimer Jésus, c'est commencer par ouvrir la porte de son coeur à celle, à celui qui vient y frapper. Ainsi Jésus, avec le Père et l’Esprit, viendra demeurer en nous. Non pas passer. Demeurer !
2/ La promesse de Jésus de, après son départ, faire don de l'Esprit Saint. Cet Esprit aidera les chrétiens à se souvenir de ses paroles et à les rendre présentes au gré des circonstances.
3/ Jésus promet aussi la paix et surtout « sa » paix. Cette paix qui, au coeur des épreuves et désastres de la vie, procure quand même joie, harmonie, sérénité. Mais comme il est difficile d’être artisans de paix que ce soit dans les familles, les collectivités, les paroisses, l’Eglise !
Restons donc centrés sur l'essentiel, non pas donc sur des gadgets infantiles mais sur la merveilleuse Bonne Nouvelle d'un Père qui nous aime toutes et tous sans exception et qui, avec son Fils et l’Esprit Saint, vient, sans condition aucune, demeurer en nous. Il nous invite à faire de même entre nous, être des femmes et des hommes qui mettent l’amour, l’accueil, le respect des autres au-dessus de tout...
(*) 1ère lettre aux Corinthiens 6, 12 et 10, 23.