Fête de l'Ascension

Le texte          Luc 24, 46 – 53 (Les mots en italique sont plus proches de l’original que ceux du missel.)

Jésus ressuscité, apparaissant à ses disciples, leur disait : « Il fallait que s’accomplisse ce qui était annoncé par l’Ecriture : les souffrances du Messie, sa résurrection d’entre les morts le troisième jour, et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. C’est vous qui en êtes les témoins. Et moi, j’envoie sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une force venue d’en haut. » Puis il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Et il advint, tandis qu’il les bénissait, qu’il se sépara d’eux et fut emporté au ciel. Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, remplis de joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu.

L’homélie

Les deux Testaments commencent par une scène semblable. Au début du premier, au terme de la création, Dieu bénit l’être humain, crée homme et femme à son image, et leur confie de remplir la terre et de la gérer. Là-dessus, il se « reposa ». Plus tard, il confiera au peuple juif le service de faire connaître au monde ses Dix Parole, les Commandements. Quant au second Testament, lors de son Ascension, Jésus confie à ses disciples de prêcher en son nom la conversion et le pardon des péchés à toutes les nations. Le nom donné ce projet : Royaume ou Règne de Dieu. Et là-dessus, il les bénit, en se séparant d’eux. A deux reprises donc, Dieu met son œuvre entre les mains des êtres humain, leur confiant de la faire aboutir.  

Mais, chaque fois, que de malentendus !  Ainsi une majorité du peuple juif crut qu’à partir de leur peuple, Dieu édifierait un royaume puissant qui serait son Royaume sur terre. Un royaume bien humain commença de fait avec les rois, David et Salomon. Mais rapidement ce beau Royaume se divisa, perdit sa puissance  et finit par disparaître au sixième siècle avant Jésus. C'est de cette époque que date la dispersion des Juifs dans le monde. Mais un peu plus tard, Cyrus, roi de Perse, permit aux Juifs exilés à Babylone de revenir chez eux. Une immense espérance les reprit alors : leur puissant royaume adviendrait quand même. Mais les désastres ne cesseront de s’accumuler sur leur nation. Pendant plus de vingt siècles, des puissances étrangères l’asserviront (1).

Pourtant, dès le troisième siècle avant Jésus, un petit nombre de Juifs avait commencé à se poser des questions sur ces promesses d’un grand « Royaume ». Avaient-elles été bien comprises ? Car grand Royaume signifierait-il nécessairement puissance politique ? Cette expression  ne signifierait-elle pas plutôt une nation où les Dix paroles du Seigneur seraient enfin prises au sérieux ? Cette manière de voir le Royaume fit lentement son chemin en Israël mais resta minoritaire (2). Comme elle resta minoritaire dans l’Eglise dont, le plus souvent, tant de responsables ont, malgré les invitations pressantes de l’évangile, constamment recherché la puissance. Heureusement, un certain nombre d’êtres humains ont été et sont encore de ce courant minoritaire qui  trouva son apogée en Jésus, avec proches de lui, Marie, Joseph, Élisabeth, Anne, Syméon et bien des chrétiens.

Venons-en à notre texte. La mort de Jésus a brisé les premiers disciples. N’était-elle pas la preuve que Jésus avait échoué ? Mais voilà que, sous une apparence nouvelle, c’est un Jésus vivant qui vient à eux leur demandant avec insistance de devenir ses témoins. Non pas témoins d’un Royaume puissant, mais témoins du Royaume de Dieu bâti sur l’amour, la justice et la paix.  Il leur fallut « quarante jours », c’est-à-dire le nombre symbolique d’une longue durée, pour qu’ils découvrent et acceptent que témoigner du Royaume de Dieu ici-bas consistera à témoigner des paroles et actes de Jésus. Qu'ils approfondissent donc sa Bonne Nouvelle et, que dans leurs attitudes, ils s’inspirent surtout de ce qu’avait accompli Jésus dans sa lutte pour venir en aide  aux oubliés et méprisés de ce monde, particulièrement dans son affrontement résolu contre le mépris que leur portaient les autorités civiles et religieuses.  

Être témoins du « Règne de Dieu » ce sera donc pour les disciples et leurs successeurs, faire vivre le droit et la bonté et s'opposer à l’injustice et à toutes les dictatures, fût-elle religieuse ! Il s’agira pour eux, ne comptant sur aucune autre force que la force d'aimer, de créer un monde de rencontres et de relations pacifiantes, heureuses, humanisantes. Un monde où la Vie est la plus forte. Car le Royaume ou Règne de Dieu, c’est bien cela ! Pour témoigner de ce Royaume, les communautés chrétiennes auront à faire appel à la force de l’Esprit Saint, seul capable de rendre leurs communautés et vivantes et au service des démunis de ce monde. Ce sera leur mission ! Célébrons la prochaine Pentecôte dans cet esprit.

(1) Les derniers occupants étant l’empire britannique qui quitta le pays en 1948.

(2) On les appela les « anwim » ou pauvres de Yawéh, ou aussi le Petit Reste...

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