Fête de la Pentecôte

Le texte. Jn 14, 15-16.23b-26

A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour l’éternité avec vous : c’est l’Esprit de vérité... 

...Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. Mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous ferons demeure chez lui. Celui qui ne m’aime pas ne gardera pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous dis tout cela pendant que je demeure encore avec vous. Mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »

Homélie.

Des questions se posent souvent sur la conformité des évangiles aux faits et paroles de Jésus alors qu’ils ont été écrits tant d’années après sa mort. Sont-ils vraiment crédibles ? Oui, ils le sont, je réponds sans hésitation. En effet, si entre la mort de Jésus et la parution de l’évangile de Marc, il y eut moins de trente ans, il y eut surtout le fait que, très vite, les premiers chrétiens avaient pris l’habitude de se réunir dans le souvenir de Jésus. A leurs rencontres s’adjoignirent rapidement des juifs et des païens qui n’avaient pas connu Jésus et mais que la manière de vivre de ces chrétiens impressionnait et qui ont voulu connaître le fondateur de ce mouvement. Très tôt aussi, on ne sait pas exactement quand, les chrétiens se sont réunis pour revivre la dernière Cène. S’ajoute encore le fait que très vite des persécutions provoquèrent la fuite des premiers chrétiens  vers des pays autour de la Méditerranée. Et là où ils se fixaient, les rejoignait un public sans cesse plus nombreux, toujours autour du souvenir de Jésus, le Christ ressuscité. Ces chrétiens n’ont donc jamais cessé de se souvenir ensemble de Jésus.

 Plus tard, comme les témoins de Jésus commençaient à disparaître, certains ont pensé mettre par écrit des bribes de ce qui ce qui se disait à ces rencontres. Ces bribes devinrent peu à peu des ensembles plus élaborés, jusqu'à devenir, dès les années soixante, les évangiles que nous connaissons. Il faut toutefois noter aussi qu’aux souvenirs de ces communautés sur Jésus, s’ajoutèrent de nouvelles réflexions. Ces communautés ne pouvaient s’empêcher en effet de lire leurs souvenirs sur Jésus à la lumière de ce qu’elles vivaient, et réciproquement (1).

Bientôt (2), il y eut une douzaine d’évangiles, parfois très différents les uns des autres. Les autorités de l'Eglise firent alors le choix de n’admettre comme évangiles authentiques que Matthieu, Marc, Luc et Jean. C’étaient de fait les évangiles les plus anciens et surtout ceux que les communautés chrétiennes utilisaient le plus. Ce fut donc leur ancienneté et leur utilisation fréquente qui furent pour ces autorités le signe qu'ils étaient inspirés par l'Esprit Saint. C'est donc notre foi en l'Esprit Saint, et rien d'autre, qui nous donne de croire aujourd’hui encore que les quatre évangiles (3) écrits entre les années trente et cent reflètent, sinon exactement ses actes et paroles, du moins ses intuitions fondamentales et son esprit. Jésus n’avait-il pas annoncé : « l'Esprit vous guidera vers la vérité tout entière » ? 

 Les évangiles sont donc aux yeux de notre foi l'œuvre des premiers disciples, éclairés par l'Esprit Saint.  De leur côté, les Juifs auraient fait de même à Jamnia (4), aussi vers la fin du premier siècle. Eux aussi ont fait un choix parmi les nombreux documents anciens, dont ils disposaient. Et éclairés par le même Esprit Saint, ils en ont exclu certains et gardé d’autres. Ce choix a abouti au premier Testament. Nous sommes invités à croire en cette œuvre humaine qui s’est faite dans les deux cas avec l’aide de l'Esprit Saint. Sans elle, nous n'aurions pas la Bible. C'est une des principales invitations qui nous est faite en cette fête de Pentecôte !

 C'est le même Esprit Saint qui, le jour de la Pentecôte juive, a permis aux premiers chrétiens de dépasser la barrière des langues, malgré leur grande diversité. Les Juifs, venus du monde connu pour cette fête à Jérusalem, ignoraient pour la plupart la langue locale, l'araméen. De plus, ils ne se comprenaient pas entre eux.  C’est ce que Saint Paul explique aux Galates : quand l'Esprit Saint est accueilli, alors il y a amour, joie, paix, patience, entente, bienveillance, foi, humilité...  L'Esprit Saint, nul ne l'a jamais vu. Mais quand ces dons se vivent dans la vie d’une communauté, alors, dans la foi, nous avons un signe que l’Esprit Saint est là, bien présent, agissant au cœur  de notre cœur  et au cœur  de ce monde.

 

(1) Ainsi, on peut penser qu’elles ont lu la passion de Jésus à la lumière de leurs propres persécutions et inversement.

(2) C’est-à-dire depuis la fin du premier siècle jusque, pour certains au troisième siècle....

(3) Les évangiles non retenus existent encore. Les chrétiens les appellent « apocryphes », c’est-à-dire ceux dont les autorités des Eglises chrétiennes ne garantissent pas la vérité. Certains sont utiles à connaître car ils peuvent compléter ce que nous savons par  Matthieu, Marc, Luc et Jean. Malheureusement la plupart sont très tardifs et entachés d’un merveilleux qui touche à la superstition... Ils ont eu un certain succès il y a quelques années car des « savants » ont prétendu qu’ils révélaient ce qu’avaient caché les autorités chrétiennes...      

(4)  Jamnia ou Jabné est un port philistin puis juif sur la Méditerranée. Après les années 70, Jamnia, où il y avait une école célèbre de rabbins devint aussi, suite à la destruction de Jérusalem,  le siège du Sanhédrin.

Contactez-nous

N'hésitez pas à nous contacter pour tout renseignement complémentaire.

Note: vos informations ne sont pas conservées sur le site web et ne seront utilisées que dans le cadre de la réponse à votre demande.

Nous utilisons des cookies sur notre site web. Certains d’entre eux sont essentiels au fonctionnement du site et d’autres nous aident à améliorer ce site et l’expérience utilisateur (cookies traceurs). Vous pouvez décider vous-même si vous autorisez ou non ces cookies. Merci de noter que, si vous les rejetez, vous risquez de ne pas pouvoir utiliser l’ensemble des fonctionnalités du site.

Ok